Personnage populaire et complexe, beaucoup plus cultivée et subtile que son image médiatique ne laisse apparaître, Roselyne Bachelot s’autorise un droit d’inventaire dans sa famille politique et une liberté de point de vue qui fait grincer bien des dents. Cela a sans doute commencé avec son père, Jean Narquin, député gaulliste à Angers, cela s’est poursuivi avec Nicolas Sarkozy au travers d’un livre (A feu et à sang) où elle réglait quelques comptes en assumant sa différence, et cela se profile avec Verdi dont elle promet de déconstruire le mythe, sans cesser de l’aimer et de l’admirer. Emportée par sa fougue et son tempérament passionné, puisse-t-elle faire entendre sa voix sans tomber dans l’excès d’un combat anti-machiste et moraliste qui ne serait que l’autre face d’une caricature qu’elle prétend dénoncer et, par là même, tout aussi caricaturale. Mais cela ne nous empêche pas, à notre tour, de l’aimer et d’admirer son courage.
Voici son programme :
Madeleines :
• Rose-Marie : je suis au théâtre d’Angers, j’ai 8 ans et mes parents lors d’un séjour de ma tante Rose-Marie nous ont emmenés voir cette opérette avec Marcel Merkes et Paulette Merval, les rois du genre. Air fameux : « c’est toi, Rose-Marie, les fleurs de la prairie, s’inclinent lorsque tu passes devant ta grâce ». Mon choc, ce n’est pas l’ « œuvre », mais mon premier contact avec un théâtre. Aucun enregistrement ne remplacera le contact physique avec une salle et l’émotion qui étreint à chaque fois qu’on rentre dans ces lieux magiques.
• Le film Senso de Luchino Visconti : premier contact avec Verdi. Le film est sorti en 1954, mais je le vois quelques années plus tard. Je dois avoir 14 ans. Emotion esthétique totale. Acteurs, costumes, maîtrise des mouvements de figurants. Et ma découverte de Verdi avec la fameuse scène d’ouverture du film à la Fenice : Le Trouvère : Di quella pira
• Clara Haskil : mon premier 33 tours offert pour le Noël de mes 10 ans. Elle joue Schumann –évidemment- et j’ai failli arrêter le piano car vraiment, j’ai pensé que je n’en jouerai jamais vraiment bien ! Prendre Arabesque ou les Scènes d’enfants que je travaillais à l’époque
Morceaux classiques :
• Le temps, l’horloge de Henri Dutilleux avec Renée Fleming : hommage au musicien angevin disparu il y a quelques semaines. Si vous trouvez le poème « Enivrez-vous » de Baudelaire, j’étais à la création le 7 mai 2009 avec Fleming et Ozawa. Henri était là.
• Le vaisseau fantôme : Die Frist ist um par Bryn Terfel. Bon, c’est l’année du bicentenaire ! et après Dutilleux, il faut un tube…
• Zaïde : Ruhe sanft ou Tiger , avec Natalie Dessay, une œuvre dite mineure de Mozart, mais deux beaux numéros musicaux. Le divin maître « en roue libre »…
• Prélude à l’après-midi d’un faune Claude Debussy ; en cette année d’anniversaire du Sacre du Printemps, ne pas oublier que c’est lui qui ouvre le bal de la musique « moderne ». Un compositeur anti-conformiste, une œuvre mystérieuse et envoûtante. « L’extrême complication est le contraire de l’art » disait-il … A méditer.
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